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Autres exemples de l'utilisation du EMDR

Les exemples apportés ici pour illustrer l’utilisation du EMDR en psychothérapie sont tous des personnes réelles que nous avons traitées. Seuls les noms et quelques données ont été changées pour préserver l’anonymat et la confidentialité.

Séquelles psychologiques d'un accident d'auto

Exemple 1 : L’histoire de Clémence

Clémence, une jolie femme très cultivée d'environ 45 ans, me consulte car elle dit avoir tendance à surprotéger ses enfants. Même si elle me les présente comme très matures et responsables pour leur âge (7, 9 et 13 ans), elle dit s’obstiner à «jouer à la mère» même lorsqu’elle reconnaît que ce n’est pas nécessaire. « En fait, dit-elle c’est plus fort que moi, je dois toujours les protéger».

Quelques rencontres lui aidèrent manifestement mais c’est, me dit-elle, «comme si une bizarre sensation de danger les entourait constamment». Une croyance «de danger», qu’elle sait être irrationnelle, semble toujours flotter et se réactive à la moindre occasion.
Elle me parle alors d’un accident d’auto qu’elle tentait d’oublier depuis quelques années.

Cette nuit-là elle roulait en voiture dans un autre pays et il pleuvait. Elle a heurté une forme humaine qui a soudainement traversé la rue. Elle appris peu après que la victime était atteinte d’une maladie qui la rendait non-voyante. Clémence et son conjoint sont allés lui rendre visite avant qu’elle ne soit sortie de l’hôpital.

Clémence continuait depuis ce temps à se sentir coupable de «l’avoir tuée». «Je n’aurais pas dû être là», «Je suis davantage à risque de…» etc. Plusieurs personnes dont les policiers lui avaient rappelé les circonstances réelles de l’accident: sa vitesse était raisonnable, elle avait freiné, elle ne pouvait pas savoir qu’elle traverserait, elle s’était arrêtée tout de suite, elle avait demandé du secours, etc. Un bizarre et tenace sentiment d’être agresseur la poursuivait depuis l’accident au point qu’elle disait avoir choppé, fauché ou «tué quelqu’un» plutôt que de parler d'un accident.

Nous avons décidé de faire un EMDR sur cet événement. Pensant au pire moment de l’événement, Clémence a suivi des yeux le mouvement de la petite lumière verte de droite à gauche. Clémence se sentie rapidement à la fois présente avec moi et en contact avec cet événement. Des souvenirs lui revenaient sans efforts par plusieurs modalités sensorielles. Des images, des sons et le sentiment d’irréalité défilaient au même rythme que le mouvement qu’elle suivait des yeux. Entre les pauses, le sentiment d’impuissance, de tristesse, de prostration et d’autres émotions continuèrent, s’intensifièrent et diminuèrent. Puis certaines images se modifièrent d’elles-mêmes et finalement Clémence dit, après un long silence: «En fait, je ne suis pas une agresseur, je serais plutôt une victime» (de cette situation). Maintenant des souvenirs oubliés émergeaient en allant en ce sens: la main supportante du policier sur son épaule et les regards des proches de la victime à l’hôpital. Souvent les mêmes souvenirs prenaient un autre sens pour elle et l'amenaient à «digérer» cet événement.

Clémence n'avait plus besoin de se sentir agresseur. En fait il n’y avait subitement plus besoin d'y avoir d’agresseur. Clémence et ses enfants remarquèrent qu’elle avait beaucoup moins le besoin de protéger qui que se soit. Plusieurs semaines plus tard, Clémence me confirma que le changement se maintenait.

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Préparation à une intervention médicale

Exemple 2 : L’histoire de Marie

Marie, une femme brillante dans la cinquantaine, avait toujours eu peur de se retrouvée immobilisée. Imaginez son angoisse lorsque son médecin spécialiste lui expliqua qu’elle devra avoir la tête retenue par une sangle lorsqu’elle se fera opérer pour améliorer sa vision. Elle n’osa pas lui parler de sa panique et y alla quant même pour le premier œil puis nous consulta puisqu’elle avait lu le livre ‘‘Guérir’’. Elle se présenta donc pour une séance de EMDR avant de se faire opérer au deuxième œil.

À son retour en psychothérapie après la session de EMDR, elle nous raconta ainsi son opération avec une nuance d’incrédulité et d’enthousiasme dans la voix.

«Le spécialiste qui m’avait opérée à l’œil 2 semaines auparavant plaça la sangle sur mon front et mis un champs opératoire sur mon corps laissant l’œil à opérer à découvert. Ce que je vivais alors était surprenant. Au lieu de me retrouver en panique comme la première fois, je vivais cela… normalement. Mieux, c’était une expérience confortable! Sur la table, je me sentais confortable même si j’étais attachée! J’étais presque excitée de me voir comme ça. J’étais si à l’aise et décontractée que je ne me reconnaissais pas. Pourtant rien n’avait changé autour de moi: le même médecin, les mêmes infirmières et la courroie aussi serrée. Mais je ne ressentais plus le besoin de me débattre ni le désir de ne pas être là.»

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Difficultés relationnelles suite à un burn-out

Exemple 3 : L'histoire de Patrice

Patrice est un jeune travailleur manuel très travaillant dans la trentaine. Très apprécié depuis plus de 10 ans par le même employeur, il devient subitement en 6 mois, victime de harcèlement psychologique. Ayant toujours été bien traité auparavant par son employeur qui était aussi son ami, Patrice ne parvient pas à donner du sens au licenciement implicite qui suit finalement son burn-out. De nature pacifique, enjoué et solitaire, il a peu accès à sa colère qui menace maintenant d’exploser dans un avenir rapproché.

Après une rencontre de EMDR ayant pour cible son sentiment de trahison, Patrice se senti beaucoup mieux. Il comparaît son état après le EMDR comme ‘‘des années après une rupture amoureuse douloureuse’’ en disant: ‘‘ça a faite son temps’’; sauf qu’une petite heure et quart seulement s’était passée! Sans qu’il n’ait fait aucun effort pour la changer, sa perception de sa situation s’était totalement modifiée. La colère, la rage, l’impuissance et le feeling de trahison et d’injustice avaient cédés leur place à des émotions diamétralement opposées. Au lieu de revoir les mêmes images qui entraînaient des émotions négatives, diverses autres images surgissaient d’elle-même et Patrice se surprenait à rire avec cœur de sa situation . Il se sentait capable d’agir sans peur de trop ou mal réagir. Sa bombe avait été désamorcée. Il envisageait même la médiation qu’on lui imposait avec une étonnante sérénité. Quelques jours plus tard, Patrice disait retrouver le goût de vivre et divers projets étaient plus présents d’après ses proches.

Aux dernières nouvelles, la médiation avait eu lieu sans conclure d’entente mais Patrice n’avait plus vécu de dévalorisation au contact de son ex-employeur.

Cette session unique fut un exemple qui illustra bien les deux phases distinctes de désensibilisation et de retraitement du EMDR.

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Accident du travail

Exemple 4 : L’histoire de Pierre

Pierre est un travailleur célibataire du début vingtaine. Alors qu’il travaille à la rénovation extérieure d’un immeuble, il tombe de ses échafauds légèrement mouillés d’une hauteur d’une trentaine de pieds. Une blessure à la tête laisse supposer qu’il peut s’être frappé violemment en tombant et il a perdu conscience. Il est blessé gravement par sa chute: plusieurs entorses, fractures et éclatement de la rate. Des secours sont appelés d’urgence. Il est rapidement pris en charge médicalement et on ne craint bientôt plus pour sa vie. Dès qu’il sort de l’hôpital, il constate sa situation. Avant l’accident il se sentait très à l’aise de marcher même à plus de cinquante pieds de hauteur sur un madrier de 12 pouces. Maintenant il ne peut qu’avec peine escalader le premier et deuxième barreau d’un escabeau ni regarder du haut d’un pont car une peur viscérale l’envahi rapidement. Il ne peut plus contrôler son vertige et ses réactions physiologiques. Il ne veut pas abandonner un métier qu’il a toujours adoré. Il essaie donc de se désensibiliser lui-même par les moyens classiques d’exposition progressive mais il estime les résultats décevants: après quelques semaines il ne pouvait atteindre que le troisième barreau de son escabeau! Il entend alors parler d’une thérapie à base de «mouvements oculaires» et demande à son agent de la CSST pour suivre cette psychothérapie.

Pierre prend rendez-vous et se présente en thérapie. Il n’est manifestement pas habitué de consulter en psychologie; c’est la première fois. Mais il apprend très rapidement les us et coutumes de cette relation. La première rencontre sert à une mini-évaluation clinique car l’évaluation avait déjà été complétée par un autre spécialiste. Nous avons le temps de mettre en place les balises pour la première session de EMDR. Précisons que Pierre n’a aucun souvenir de l’instant de sa chute et n’a que quelques bribes de souvenirs de l’attente des secours. D’autres souvenirs lui sont revenus de l’hôpital malgré les antidouleurs. Un avantage pour le EMDR, Pierre ne s’attend pas à se qu’on se placote à propos de l’accident car il n’en a pas de souvenir.

Première session de EMDR

Après l’explication du protocole, on commence. Pierre suit des yeux la petite lumière verte qui se déplace et ressent une double stimulation alternée (son et toucher). Des manifestations physiques d’anxiété se présentent rapidement et Pierre accueille ces sensations physiques avec l’aide du psychologue. Très peu de paroles sont échangées sauf de très brèves descriptions de sensations physiques, d’émotions, d’images et d’impressions. Le processus se poursuit pendant près d’une heure et demie. S’il y avait eu dans la pièce un observateur neutre, non-formé au EMDR, il aurait cru que rien ne s’était passé puisque aucun souvenir de sa chute n’a émergé.

La rencontre suivante Pierre apprend au psychologue qu’il a été capable de monter plusieurs barreaux de son escabeau puis d’une échelle avec une étonnante facilité, «comme s’il n’avait jamais cessé d’être capable».
Les sessions de psychothérapie se poursuivent; 5½ heures au total incluant une session de visualisation à base d’hypnose clinique.

Conclusion

Pierre confirme qu’il est maintenant capable de monter aussi haut qu’il le veut. Seule la guérison physique encore incomplète de ses côtes, de sa hanche et de la jambe l’empêche de retourner se balader sur les madriers entre ciel et terre.
Pierre nous promet de nous donner de ses nouvelles après la guérison physique et son retour au travail. Le psychologue et Pierre mettent donc fin d’un commun accord à la démarche

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Deuil non-complété d'un vétéran de l'armée

Exemple 5 : L’histoire de Ralph

Ralph est un homme de près de 75 ans, marié depuis une quarantaine d’années. Il est un vétéran de la guerre de Corée. Il nous apparaît sympathique et posé, s’exprime correctement et fait preuve d’une grande culture. Cependant, au début du traitement, Monsieur se croyait peu capable d’exprimer son vécu compte tenu qu’il ne s’était jamais estimé habile à le faire. N’ayant eu que des frères et aucune sœur, Ralph s’exprimait d’une façon typiquement martienne comme dirait John Gray, et toute femme qu’il rencontrait devait être équipé d’un solide dictionnaire de traduction pour comprendre ses états d’âme! En effet, Monsieur n’avait pas appris à parler à propos de son vécu et son séjour dans les forces armées n’avait pas remédié à cette lacune même si , disait-il, «mon service militaire m’a beaucoup aidé à me dégêner et à me sociabiliser».

Il avait toujours trouvé qu’il avait changé à son retour de la guerre en 1953. Il se disait plus irritable, plus brusque et nous constations une mise à distance évidente de son affectivité. Son sens de l’humour d’avant, sans être un clown, ne se manifestait vraiment plus avec sa conjointe. À peine voit-on parfois un enthousiasme et une joie de vivre avec certaines personnes triées sur le volet. Mais chaque partenaire du couple essayait de s’adapter en se disant qu’après tout, «il était un peu comme ça avant».

Une conseillère, avec qui il a un bon contact, a supposé qu’une agressivité aussi bien contenue pouvait être imputée à un état de stress post-traumatique non traité. Ralph amorce ainsi son processus thérapeutique.

Ralph est sceptique, il n’a vraiment pas l’habitude de la consultation psychologique. Il a bien sûr des flashbacks et des cauchemars à l’occasion, mais c’est tellement moins pire qu’au début! Et en plus, ces reviviscences de son service militaire ne surviennent maintenant que lorsque des indices externes le lui rappellent: écouter un film d’action, entendre parler de son service, quelques dates anniversaires, rencontre avec un autre vétéran, etc. Bref, il estimait que c’est normal puisque d’autres aussi vivent cela et il essaie d’oublier.

Après quelques rencontres d’évaluation clinique, divers souvenirs sont utilisés comme cibles dans des sessions de EMDR. «J’en aurai pour longtemps», plaisante-t-il au début! Mais Ralph avait cette faculté facilitante d’amorcer le EMDR tout naturellement, sans tenir à comprendre toutes les implications neuro-émotionnelles de ce mode de traitement et sans intention de prouver quoique se soit. La thérapie progresse plus vite qu’il ne l’aurait crû. Curieusement, lui fais-je remarquer, c’était comme si en intégrant des scènes de ce passé, d’autres étaient aussi en train de se «décharger».

À l’une des premières sessions de EMDR, Ralph se souvenait fort bien d’un compagnon d’arme blessé qu’il avait dû aller chercher au front dans son rôle d’ambulancier. Ce soldat avait reçu un éclat d’obus. Ralph se souvenait de son sourire rayonnant sur son brancard alors qu’il était blessé superficiellement. Il se rappelait les moindres mots de cette dernière conversation, plus sûrement que si elle datait d’hier.

Le lendemain matin, Ralph, sidéré, apprenait de son supérieur hiérarchique que ce bon ami était décédé des suites d’une complication médicale! De nature très joviale, ce duo avait partagé beaucoup de temps ensemble auparavant. Ils avaient élaboré de nombreux projets pour l’après-guerre. Tous ces projets restaient étonnamment présents en lui. Pourtant Ralph croyait bien avoir achevé le deuil de son ami. C’était il y a un demi-siècle!

Dès les premiers mouvements oculaires alliés à la stimulation tactile alternée, les souvenirs en lien avec ce compagnon d’armes et son décès sont devenus subitement plus clairs pour Ralph. Les souvenirs tant plaisants que déplaisants ont subitement pris beaucoup d’ampleur. C’était comme s’il «réalisait» sa perte et le manque de sa présence plus qu’il ne l’avait fait jusqu’à présent. Les diverses émotions habituellement vécues lors du décès d’une personne aussi significative se sont succédées, sans intention consciente ni planification. En côtoyant les pensées et les images qui émergeaient, Ralph a tour à tour ressenti les émotions et les sensations physiques reliées à sa relation avec ce grand complice. Contrairement à ce que Ralph aurait pu croire, il était capable de les vivre en respectant sa propre façon de les exprimer. Soulignons que Ralph ne se forçait pas pour «passer à travers les diverses étapes du deuil», il tentait simplement de garder un pied dans ce souvenir du passé comme il lui avait été expliqué et l’autre pied dans le présent, soutenu et encouragé par son thérapeute.

Une heure et demi plus tard, Ralph se sentait comme s’il avait maintenant complété le deuil de son ami. Les commentaires de la rencontre suivante confirmaient que le travail d’intégration neuro-émotionnelle avait été effectué. C’était comme si cela avait toujours été ainsi.

Ralph repartait avec d'avantage d’assurance en sa capacité de guérison. Sa compréhension du processus thérapeutique s’approfondissait. La thérapie pouvait continuer.

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